Enfant,
On m’a dit souvent
Les moutons, un par un, il faut les compter.
Maintes fois j’ai essayé de tous les dénombrer
Mais toujours plus nombreux la barrière ils franchissaient
Et dans le compte je me perdais.
A une astuce un jour je songeais.
Pourquoi ne pas à chaque mouton un nom donner ?
De l’imagination pour cela j’en avais à revendre.
J’en baptisais ainsi un Léonce. Et un autre Clitandre.
Mais hélas ils étaient en surnombre
Et je finis pas ne plus les distinguer. Comme dans la pénombre.
Il me fallait un moyen de les ralentir.
Qu’ils ne puissent plus s’engager sur la barrière sans m’avertir.
Leur faire porter une clochette au cou ?
Leur faire prendre rendez-vous ?
Je tentais mille stratagèmes.
Mais tous se soldèrent par un nouveau dilemme.
La clochette tinte après coup.
Tenir à jour mon carnet de rendez-vous était un pari fou.
Et un jour, soudain, la solution.
C’est de l’animal même que viennent les complications.
Et si je passais plutôt à compter des paresseux ?
Je n’eus pas besoin d’attendre à en voir passer deux
Pour que le marchand de sable me rende visite. Sur ces entrefaits
Je m’endormais pleinement satisfaite
Car pour chaque paresseux j’eus le temps
De trouver un nom, et même écrire un roman.
Photo credit: asleeponasunbeam / Foter / CC BY-NC-ND